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Le shop Kurosan Yasuke

NOTE D'INTENTION DU REALISATEUR

  • ORIGINE

Qu’est ce qui m’a motivé à écrire cette histoire ?


Mes grands parents. Si je devais répondre de manière concise je dirai, mes grands parents. Je sais que ce n’est pas un cas exceptionnel des grands parents qui commencent à oublier, mais c’est autre chose quand c’est les votres. C’est autre chose quand c’est vos grands parents avec qui vous avait passé les vacances d’été, avec qui vous avez fêtés les Noël et vos anniversaires qui ne se souviennent plus de vous.


C’est cruel, c’est injuste, c’est au moment où ils pourraient faire un point sur leur vie, transmettre, que subitement il y a se trou béant qui avale les souvenirs : Alzheimer. Mes grands parents ont fini par ne plus se souvenir de moi. Rayé de leur mémoire. On aimerait pouvoir les faire se souvenir, on aimerait avoir une quelconque influence sur leur mémoire, mais c’est bien sûr peine perdu.


C’est donc de ce désespoir que né Mémo. Je me suis dit que bien sûr c’était terrible pour moi leur petit fils de ne plus faire partie de leur vie, mais je ne suis que le petit fils, que cela doit être douloureux lorsqu’on est le mari ou la femme de l’être aimé qui vous oublie ! Cette envie de parler de cette détresse et de mon optimiste à toute épreuve dans l’idée que l’Amour peut survivre à tout, et donc à cette épreuve également. C’est donc ensuite un message d’espoir qui m’a animé.


Et enfin, c’est le point de vue, je me suis dit que ce serait intéressant qu’en plus d’être du point de vue de l’être aimant, être du point de vue du souvenir de l’être aimant. Subitement cette idée m’a ouvert plein de possibilité visuelle et narrative toutes plus stimulantes les unes des autres. Et ces possibilités autant visuelles qu’émotionnelles ont engendraient Mémo.

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  • MEMOIRE

Pourquoi ce sujet m’a-t-il interpellé et pourquoi est-ce que je trouve qu’il est essentiel à l’heure actuelle ?

Nous sommes une mémoire, je suis parce que je me souviens que je suis. J’apprécie et je fais confiance à telle ou telle personne parce que je me souviens que cette personne est fiable. Si je perds la mémoire, je suis sans défense de l’extérieur mais aussi je suis perdu, je ne sais plus qui je suis. Nous sommes à une époque où nous emmagasinons beaucoup de données sur les caméras, les appareils photos en se disant que c’est des souvenirs, autrement dit, si je ne suis plus capable de me le remémorer, je n’aurai cas regarder mon ordinateur, toutes mes photos y sont stockées. D’une certaine manière c’est une extension de la mémoire. D’ailleurs n’utilisons nous pas notre téléphone portable pour rechercher le titre d’un film dont on a oublié le nom ? La technologie nous aide à nous souvenir, et on se dit d’ailleurs que nous sommes bien allait en vacances dans les Landes parce qu’il y a les photos qui le prouvent. Mais voilà nous sommes à une époque où tout devient falsifiable, des photos oui, c’était envisageable il y a quelques années, mais désormais des vidéos avec le deap fake qui permet très facilement de changer des visages. Ce qui veut dire que si la technologie nous permettait une extension de mémoire, elle nous permet désormais de la modifier, de la changer, de la corrompre.
Et si nous avons plus ce support si pratique, nous devrons nous en remettre à notre propre mémoire, et qu’en est il des autres vis-à-vis de nous ? Si des vidéos, fausses, compromettantes sortent de vous, que croirons vos proches ? Vous ou l’extension de votre mémoire, à savoir cette vidéo où vous figurez bel et bien ? Dès que quelqu’un brandira une caméra pour nous filmer on aura la crainte que cette vidéo postée sur internet soit détournée, une paranoïa pourra facilement en découler. Et cette paranoïa ainsi que la sensation de dépossession de soit même et au coeur de Mémo ainsi que cette sensation de ne plus faire la part entre le réel et l’invention.

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  • FRAGMENTATION ET BOUCLE DRAMATIQUE

Mémo est un film morcellé en spiral, c’est-à-dire qu’il y a une récurrence d’une séquence courte ce qui lui confère une structure originale.

La première partie permet de mettre les éléments en place, tout d’abord le contexte, c’est bientôt Noël, Marie veut faire une surprise à son mari en invitant d’ancien amis qu’il n’a pas vu depuis 15ans. Pendant la préparation de la soirée, Marie se cogne de crane contre un placard la rendant inconsciente. Elle se réveille dans la cuisine et réalise qu’elle est en retard. Cette scène de réveil devient la matrice des fragments qui vont suivre. On reviendra systématiquement dans cette cuisine par le réveil de Marie.


Marie accueille ses invités ce qui permet de les présenter dans l’action, chaque personnage est un archétype ce qui permet de pouvoir rapidement les comprendre sans en faire des caricatures. D’autre part cette présentation est importante vu quelle fait partie des variations qui vont advenir dans les prochaines boucles temporelles.


On apprend au court du repas que Paul est bloqué dans les embouteillages à cause de la neige. En réalité Paul n’arrivera jamais c’est l’ironie aussi du récit, c’est lui qu’on attend mais c’est le seul qui ne viendra jamais et pour autant toute l’histoire est directement lié à sa propre mémoire.
Au court de l’attente on découvre qu’un des convives, Elliot, est un tueur et qu’il a prévu de supprimer un des invités à la suite d’un jeu de cache cache : dès que l’horloge sonne, le premier qu’il trouve il le supprime.


Marie essaye de se cacher et assiste à l’assassinat d’une des convives : Myriam.
Marie se réveille dans la cuisine et se rend compte que les évènements se passent exactement pareils, à une différence près Myriam a belle et bien disparue.
Dans la deuxième partie, Marie va essayer de contrecarrer les plans d’Elliot, en essayant de l’empêcher de rentrer dans la maison, en essayant de le tuer, mais systématiquement, toutes ses tentatives se soldent par la mort d’un nouveau convive.

Dans la troisième partie Marie commence à perdre pied, elle a l’impression de devenir folle, elle entend des voix, elle a l’impression que le reflet de son miroir est altéré en celui d’une vieille femme. Voyant que la boucle temporelle se déclenche à chaque fois qu’un invité est supprimé, elle essaye de manière désespéré de fuir avec la dernière survivante, Adèle.


Alors qu’elles fuient en voiture, Marie lui exprime son inquiétude quant à ce qui se passe, Adèle lui révèle par inadvertance, que tout ceci est prévu. Marie lui demande prévu par qui ? Adèle ne peut lui révéler la suite parce qu’elle se fait à son tour tuer.
Une nouvelle boucle temporelle où cette fois ci Marie est seule face à Elliot. Ce dernier lui dit qu’ils sont tous condamnés

et qu’ils vont tous disparaître, lui compris, mais qu’il essaye juste de gagner du temps. Marie veut en savoir plus et parvient à découvrir qu’elle est dans le souvenir de Paul, et qu’elle n’est qu’un souvenir elle-même. Et le problème c’est que Paul perd la mémoire, il a Alzheimer. Marie doit alors lutter pour ne pas être absorbé par l’oubli.


Dans la dernière partie, Marie, âgée, se trouve au chevet de Paul, âgé également, ce dernier ne se souvient plus de son fils Elliot, et il ne semble pas se souvenir également de Marie. Alors que tout semble perdu Paul saisit la main de Marie alors qu’elle allait partir et par une phrase rituelle qu’il avait prononcé lors de leur première rencontre lui fait comprendre que le souvenir n’est peut être plus là, mais l’amour lui perdure.

  • STYLE

Le film se caractérise par un mélange de genre.
Le film débute comme une comédie légère, une femme, Marie prépare une surprise pour son mari Paul à l’occasion de son anniversaire et elle décide d’inviter de vieux amis à Paul qu’il n’a pas vu depuis plus de 15ans.
Le film vire dans le thriller quand on apprend qu’il y a parmi les convives un tueur qui a décidé de supprimer un des invités.


Et quand Marie réalise qu’à chaque meurtre le temps reboucle, nous avons littéralement basculé dans le fantastique.
L’ambition du film Mémo est et de brouiller la frontière entre les genres afin de nous placer dans la même position que l’héroine qui ne sait plus sur quel pied danser.

Mémo est un jeu permanant avec le spectateur, à l’instar d’un polar, d’un « who done it » où le spectateur est sollicitée pour essayer de comprendre qui est le tueur, ici le spectateur est challengé pour comprendre ce qui se passe dans cette histoire : Pourquoi les boucles temporelles ? Pourquoi entend-elle des voix ? Pourquoi son reflet est-il altéré ?


De plus afin d’aller plus loin dans l’interaction, Mémo sera en effet « joueur » parce qu’il fourmillera d’élément dans les arrières plan, autant d’indice propice à une compréhension plus en profondeur du film, de plus comme Mémo utilise des boucles temporelles, il mettra à contribution la mémoire du spectateur qui revivra des scènes qu’il a déjà vécu, et où des modifications apparaîtront, ce qui perturbera l’héroïne de la même manière que ça intriguera le spectateur qui l’a lui-même vécu, forçant ainsi l’identification avec le personnage principal.


La mémoire du spectateur est donc sollicitée, mémoire qui appartient à la thématique du film, créant ainsi une mise en abime très gratifiante pour le spectateur lorsqu’il le découvrira lors de sa seconde lecture de Mémo.

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  • EFFETS SPECIAUX

 

Parlons maintenant des effets spéciaux, ils seront le plus possible en prise de vue réelle. Afin d’éviter des effets de synthèse qui seraient périssables dans le temps parce que la technologie les aura rendu obsolètes. Les trucages à la prise de vue sont la garantie que si ça marche maintenant ça marchera dans les années qui suivent parce que c’est des effets qui sont basés sur des effets optiques, des biais de montage, qui jouent avec la lumière.


En plus de l’aspect efficace, il y a également une adéquation fond et forme, parce que l’ambition à la réalisation de ce film est de brouiller le passage entre le réel et l’imaginaire, à la manière d’un Perfect Blue de Satoshi Kon. Ce qui marche dans ses films, en plus des effets géniaux de montage, il y a le fait que les éléments paranormaux sont parfaitement intégrés dans le film, et pour cause tout est dessiné, il n’y a pas de dessins et subitement un élément en prise de vue réelle qui apparait, si c’était le cas, on sortirait directement du film.


Pour Mémo l’idée est la même, il ne faut qu’on distingue un élément qui fasse irréel directement, il faut qu’un élément réel, qui nous semble anodin prennent par le biais d’un angle particulier un aspect irréel. Par exemple, une tasse tout ce qui a de normal sur la table d’un café, la caméra se décale, et elle a un je ne sais quoi d’anormal, la caméra se décale encore et on se rend compte que la tasse est en deux dimensions !

 

Ces trucages seront efficaces par un travail sur les matières, sur la lumière et toutes les astuces de détournement de l’attention que les prestidigitateurs maîtrisent. Ainsi un élément réel deviendra subitement irréel par l’astuce de technique de prise de vue se qui rendra plus difficile et plus surprenant pour le spectateur la distinction entre ce qui est réel et fantastique.
A la manière d’un Eternal Sunshine of the Spotless Mind ou d’un Labyrinthe de Pan où le fantastique se matérialise en directe.

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REALISATION

Mémo amène plusieurs défis excitants à réaliser. Tout d’abord c’est un film fantastique certes mais qui a toutes les caractéristiques d’un polar. Il y a un mystère, plusieurs suspects, des meurtres, et bien sûr des indices à placer pour que le spectateur puisse dans un premier temps participer à la résolution de ce mystère. Et dans un second temps, les spectateurs rechercherons les éléments qui auraient pu révéler le final qui étaient sous leurs yeux sans pour autant ce soit visible. A la manière d’un film comme 6ème sens qui est plaisant à revoir une seconde fois pour voir si la révélation finale était bien sous nos yeux depuis le début, mais que nous n’y prêtions pas attention.
Le découpage sera donc très précis et les éléments «arrière plan» méticuleusement mis en scène.
Le second défi sera l’émotion. Mémo fait rire, pleurer et frissoner. Et toutes les techniques de réalisation n’y pourront rien sans les comédiens. Ils seront alors la clef de voute du film. La réalisation valorisera leur jeu, passant au début à des plans à la courte focale, pour favoriser les plans de groupe, d’exposition et le dynamisme de l’action pour aller vers des plans aux téléobjectifs plus propices à valoriser le jeu des comédiens et faire passer l’émotion mais également à faire sentir l’enfermement et la situation claustrophobique dans laquelle se trouve Marie.
De part la place qu’il laisse aux comédiens et aux émotions et le fait d’aborder plusieurs genres, Mémo, en parlant de souvenir, parle de cinéma. Un film n’est ce pas le souvenir de plusieurs plans tournés ? Et une fois que nous sortons d’un film et que nous en parlons, nous parlons finalement du souvenir qu’il nous a laissé.
Mémo se révèle être au bout du compte un hommage au cinéma.

 

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MARC DESTI  est un réalisateur et scénariste français.
Créatif - Précis - Sérieux


Ses courts métrages Muse, Kamerad et Le Passager ont été sélectionnés dans de nombreux festivals (Palm Spring, Shorts Shorts, Fantasia, Tanger...) et remporté plusieurs prix. Il a pu travailler avec de grands réalisateurs tels que Jean-Pierre Jeunet, Patrice Leconte et Jean-Jacques Annaud. Il a écrit plus d’une quinzaine de scénarii et donne des formations sur la réalisation en France et au Maroc. Il travaille actuellement au développement d’un long métrage Ces yeux qui font baisser les miens un thriller psychologique.

  • SON ET LUMIERE

Mémo étant un film fantastique, le son et la lumière seront très stylisés.
La lumière d’abord, elle sera globalement douce, avec un décalage entre l’intérieur et l’extérieur. L’intérieur sera globalement tamisé avec plusieurs petites sources, n’oublions pas que c’est bientôt Noël, il y aura un feu de cheminée dans la maison, il y aura donc des bougies, et des guirlandes. Il y aura également une exploitation et une mise en valeur des brillances liés aux objets brillants comme les verres, le révolver, lame de couteau, les étoiles de noel, etc...


A l’extérieur, comme il fait plus froid et qu’il doit y avoir la sensation que dans la maison les personnages sont plus en sécurités, il y aura une teinte plus froide mais en conservant des points de lumière colorés, comme les guirlandes extérieurs, des sapins qui seront également décoré, lampes de jardin, etc…


L’idée de base que j’avais en pensant à ce film était une boule à neige avec un village. Cette boule à neige avait l’aspect double qui m’intéressait, elle est à la fois magique, c’est joli une boule à neige, voir un petit village avec de la neige perpétuelle, c’est élégant, c’est presque reposant, mais d’un autre côté, il y a quelque chose de factice, ce village n’existe pas, et s’il existait il est emprisonné dans une boule, aucune possibilité pour les habitants d’en sortir. Pour moi, il a été alors évident qu’il fallait de la neige à l’image, en extérieur bien sûr, mais également qu’on la ressente à travers les fenêtres, sur les vêtements des personnages qui viennent de l’extérieur.
Elle donnera cette ambivalence, car la neige évoque Noël, elle est magique et belle à regarder tomber, mais elle contraint également, génère des accidents, réduit la visibilité. Elle est bien double.
Les focales utilisées seront dans un premier temps courtes pour valoriser les décors et l’aspect groupe du départ et progressivement les focales seront de plus en plus longues pour isoler de plus en plus les personnages et donner un aspect plus intime, ce qui facilitera le passage à l’émotion.

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Le son est un des points clef du film. Comme j’ai pu l’ex¬primer, le film et l’image seront très stylisés, il en sera de même pour le son. Le film étant d’un genre fantastique, il y aura beaucoup d’éléments qui seront suggérés. Le son hors champ sera de mise pour plusieurs raisons, créer un hors cadre, pour suggérer une présence comme par exemple que Marie entend des voix, mais de manière moins inquiétante, quand Marie sera en extérieur à aider Adèle on entendra en intérieur les invités faire la fête, ce qui nous permet de visualiser ce qui est hors champ et de créer un décalage, eux qui se galère dehors tandis qu’à l’intérieur ça s’amuse.


Mais les bruitages ne seront pas seuls, ils travailleront en harmonie avec une composition musicale. Celle-ci s’éloignera du modernisme ambiant qui préfère des nappes de son sans thématique, ici, il y aura des thèmes. Ces derniers seront élégants, inquiétant parfois et bien sûr touchant. L’émotion sera mis en valeur, Mémo est avant tout une histoire d’amour, une histoire qui parle de la perte, et des retrouvailles. On joue sur la note de l’affect. J’ai comme référence la partition de James Horner dans dans Un Homme d’exception, ou encore celle de John Ottman dans Kiss kiss bang bang.


Pour cette prouesse auditive je pense à mon compositeur Frédéric Sans qui a travaillé sur plusieurs longs métrages comme orchestrateur, qui est professeur au Conservatoire de musique de Paris et qui travaille avec notamment Pixar. Il sera, à n’en pas douter, un atout majeur pour le film.​

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